Eglise Saint-Baudel du 11e siècle
La découverte d'un opus spicatum(1) dans le mur gouttereau(2) nord de l'église, appareillage de moellons particulièrement en vogue au 11e siècle laisse à penser que les Forgeois disposaient déjà d'un bâtiment religieux à cette époque.
Des colonnes à chapiteaux, d'ordre toscan, supportent les travées. L'extrémité des poutres soutenant la toiture est ornée de têtes de loup et d'animaux symboliques.
(1) L'opus spicatum - dit aussi " appareil en épi de blé " (du latin spica, épi) est réalisé avec des briques ou des pierres plates posées inclinées sur la tranche et disposées alternativement en épi : le joint entre les lits successifs n'est pas horizontal et rectiligne comme dans l'appareil en " arête de poisson ", mais en zigzag.
Cet appareil a été utilisé à l'époque romaine et à l'époque carolingienne. Il pouvait se retrouver en parement, servir de remplissage dans un mur ou permettre de réaliser des revêtements de sol en brique.
(2) Dans une construction, le mur gouttereau est le mur de façade reliant les murs pignons , et portant une gouttière ou un chéneau.
Au cours des siècles, l'église de Forges fut l'objet de modifications et restaurations successives.
Le plan ci-dessus datant de 1864 et approuvé en 1866 ne reflète pas l'état actuel de l'église qui a été restauré il y a 75 ans.
Sur le plan et cette ancienne carte postale, on aperçoit nettement que l'église était formée de deux parties comme en atteste le décrochement du toit. De même, selon le plan, le plafond était certainement en forme de voûte alors qu'actuellement il est plat.
Intérieur de l'église
On remarque le plafond plat et non pas en forme de voûte comme indiqué sur le plan ainsi que les colonnes de soutènement du toit.
Il est à noter que ces colonnes n'existent pas au niveau du coeur, on retrouve à l'intérieur l'hétérogénéité architecturale visible sur le plan comme sur les cartes postales anciennes.
On peut imaginer que cette église a été l'objet d'un agrandissement ou d'une reconstruction après une destruction partielle.
Une autre particularité réside dans le mobilier composé de box en bois munis de porte dans lesquels les fidèles prenaient place et dans le cœur des stalles en bois destinées aux membres du clergé.
Chaire en bois du début du 19e siècle
La chaire est un meuble surélevé la plupart du temps en bois mais qui peut être en pierre (dans les édifices religieux importants) d'où le prêtre peut s'adresser aux fidèles. Elle se trouve généralement au milieu de la nef, le long d'un mur ou d'un pilier, pour que le prédicateur puisse être entendu par le plus de monde possible à une époque où la sonorisation n'existait pas.
Le " sermon " était un temps fort de la messe. C'était l'occasion pour le prêtre de diffuser les messages de l'Eglise, de diriger les consciences.
Certains ecclésiastiques se sont rendus célèbres par leur prêches : Soit par la longueur interminable des sermons soit par la violence des propos adressés parfois aux grands de ce monde. Leur état de membre du clergé leur conférait une certaine protection vis à vis des réactions des souverains mis en cause.
Le prêtre diffusant la parole de Dieu avait une grande influence sur les fidèles qui se gardaient bien de la contester, craignant les " foudres de Dieu ".
Le choeur
Le chœur est la partie d'une église réservé au clergé. Il comprend le maître-autel où se déroule le cérémonial liturgique. C'est l'endroit le plus important de l'église où l'architecture, la décoration, le mobilier sont les plus recherchés.
Statue de La Vierge Marie (assomption)
Cette statue représente la Vierge après sa montée au ciel (assomption) comme le suggère la présence d'angelots.
L'Assomption de la Vierge Marie est un dogme de l'Eglise Catholique et Romaine selon lequel, au terme de sa vie terrestre, la mère de Jésus aurait été " élevée au ciel ". Le terme assomption provient du verbe latin assumere, qui signifie prendre, enlever.
L'Assomption est aussi le nom de la fête catholique célébrant l'assomption de Marie, le 15 août.
Dogme vient du latin dogma (opinion). C'est une croyance, opinion ou principe donné comme intangible et indiscutable.
C'est en 1950 que le pape Pie XII érigea l'assomption de la Vierge Marie en dogme suivant en cela l'apocryphe : La Mort de Marie. L'apocryphe (du grec apókryphos, " caché ") est un écrit " dont l'authenticité n'est pas établie "
Crédence datant du 18e siècle (composée de bois et de marbre)
Dans les églises, les crédences sont les tablettes ou consoles, près de l'autel, où l'on dépose les burettes, le manuterge, et dans certains cas, la mitre du prélat officiant.
Lors de l'offertoire, les offrandes sont apportées au prêtre. Il offre à Dieu le pain. Les burettes lui sont ensuite présentées, contenant l'une l'eau, l'autre le vin.
Après ce rite, vient prendre place le " lavabo ", le prêtre reconnaît son indignité et demande à Dieu la purification, versant de l'eau sur ses mains au-dessus d'un plateau. Il essuie ses mains avec le manuterge.
MAÎTRE-AUTEL 18e siècle (bois traité en faux marbre)
Dans les églises, il y a d'ordinaire plusieurs autels. Le maître-autel, généralement fixe, est le principal, c'est l'endroit où s'accomplissent de préférence les cérémonies. Il est le symbole de l'unité de l'Eglise, parce qu'unique, au moins à l'origine.
Cloche en bronze datant du XVI siècle (cette cloche est l'une des plus anciennes du département)
La cloche est un objet sacré qui symbolise la culture occidentale et la chrétienté. Elle rythme toutes les heures de notre vie
Elle marque les événements qui jalonnent la vie des chrétiens : baptêmes, prières liturgiques, Eucharistie (messe), funérailles.
Elles rappellent aux croyants que tout ce qui concerne l'homme en sa vie profonde est posé sous le regard de Dieu et par là que Dieu est proche de tous.
D'origine très ancienne on en trouve dés l'antiquité, les premières cloches chrétiennes qui apparaissent au VI siècle.
Utilisée d'abord pour annoncer les offices religieux, elles vont se faire l'écho de tous les événements de la vie de la cité et du village : incendies, attaques ennemies, arrivées royales, victoires. Elles contribuèrent dans certaines régions à guider les voyageurs par temps de brouillard, tempête de neige,....
Placées dans un clocher dont le but est d'aider le son à porter loin, elles font partie du quotidien des habitants.
Le clocher qui les accueille, représentait également un point d'observation duquel il était possible de voir arriver amis comme ennemis.
Lors de la descente de la cloche de forges pour réparation, une expertise permet de voir quelle date du 16ièm siècle. Elle est maintenant exposée sur un socle en pierre de Souppes-sur-loing. Le clocher étant à l'origine prévu pour recevoir deux ou trois cloche, un carillon a pu être installé.
Vitraux de l'église Saint Baudel :
Vitraux de facture moderne réalisés par un maître verrier d'Orléans
SAINT CHARLES BORROMÉE
Il est né à Arona en 1538, il est l'un des principaux prélats italiens instigateurs de la réforme catholique. Archevêque de Milan, il restaure la discipline ecclésiastique et insiste sur l'importance de synodes réguliers, des visites pastorales et de l'enseignement du catéchisme. Cardinal en 1560, il meurt à Milan en 1584.
SAINTE MARGUERITE D'ANTIOCHE
C'est une martyre populaire du 3e siècle, évoquée par les femmes en couche.
La "légende dorée(1) " raconte qu'âgée de quinze ans alors qu'elle gardait les moutons, le préfet Olybius s'enflamma pour elle et voulut l'épouser. Elle refusa avouant qu'elle était chrétienne.
Elle fut immédiatement emprisonnée. On la brûla avec des torches. On la trempa dans l'huile bouillante et sa tête fut tranchée.
Elle est une des voix qui parlaient à Jeanne d'Arc.
(1) La Légende dorée (Legenda aurea) est un ouvrage rédigé en latin par
Jasques de Voragine entre 1261 et 1266 qui raconte la vie de 180 saints,
Saintes et martyrs chrétiens ainsi que certains épisodes de la vie du Christ et de la Vierge, suivant le calendrier liturgique.
Pour la petite histoire, il faut savoir que le choix de vénérer Saint Charles de Borromée et Sainte Marguerite d'Antioche n'a d'autre explication que le couple de bienfaiteur ayant participé au financement de la rénovation de l'église et notamment l'achat des vitraux se prénommés respectivement Charles et Marguerite.
Statue de La Vierge à l'Enfant 17e siècle (bois peint)
La Vierge à l'Enfant ou Madone est un thème récurrent en peinture et en sculpture religieuses chrétiennes renvoyant à la nativité du Christ et la maternité de la Vierge Marie.
Généralement, l'axe des regards entre la mère et son enfant est fréquemment souligné, de même que les signes symboliques des doigts des mains de l'enfant (également trouvés chez un ensemble de personnages sculptés ou peints dans les églises de la chrétienté).
Ce n'est pas le cas pour cette statue où la Vierge Marie à la tête tournée sur le coté semblant observer un événement ou une personne et l'enfant Jésus a la tête tournée vers les fidèles.
Autels latéraux
Les autels latéraux n'existaient pas dans les premiers siècles. Ils n'ont été élevés que plus tard, lorsque s'introduisit l'usage de célébrer plusieurs messes par jour dans la même église.
C'est le cas à dans l'église de Forges, où l'on peut voir deux autels latéraux en bois traité imitation marbre comme pour le maître-autel mais de facture plus modeste.
L'autel doit être de pierre au moins dans la partie qui reçoit le calice et l'hostie. Mais un autel en pierre est très onéreux c'est pourquoi beaucoup d'autels sont en bois imitation marbre ils possèdent alors un logement où est placer une pierre (d'une taille suffisante pour recevoir le calice) qui elle seule est consacrée. Cette pierre est transportée d'une église à l'autre par le prêtre
Statue de Saint-Baudel (ou Baudille)17e siècle (bois peint)
Saint-Baudel, ou Baudille est né à Orléans. En tant que diacre(1), il décida avec son épouse d'évangéliser la région de Nîmes. Ayant dans cette ville, interrompu un sacrifice païen, il fut décapité après avoir subi la torture.
Grégoire de Tours rapporte que son tombeau attirait les pèlerins à Nîmes, et que de nombreux miracles y eurent lieu. Son culte s'est répandu jusqu'ici par le biais de ses reliques, disparues à présent.
(1) Le diacre tire son nom d'un mot grec qui signifie " serviteur ". Participant à la mission de service des évêques, successeurs des apôtres, c'est par l'évêque que le diacre est ordonné. A cette occasion, il reçoit la dalmatique, vêtement à manches courtes mais amples fendu au-dessous des bras, passé au-dessus de l'aube et de l'étole.
Dans l'église de Forges, Saint-Baudel est représenté en dalmatique tenant dans la main gauche les évangiles et dans la main droite la palme symbole du martyre.